dimanche, janvier 21, 2007

Air et Gigue


Air: onirique?
Imaginez que le son est au maximum, que l'orchestre joue fortissimo et qu'un danseur nu et en transe improvise une cadence...
Contraste saisissant avec ce qui précède.
Illustration du 5ème pétale de la marguerite?

Un air peu académique. M'a plu.

Gigue: danse finale. Cavale. Paysages grandioses. Surréalismes. Rencontres étonnantes (j'ai pas dit improbables). Amitié virile. Sincère. Retour à Berlin. Coup de théatre final.

Dans un roman dont j'ai oublié le titre, un petit employé de bureau tombait dans la déchéance pour n'avoir pas su résister à la tentation de toucher l'oreille de son chef de bureau...Récupération?
J'avais mis des post-it p 106, 138, 154. Et après j'ai arrêté. Il en aurait fallu plusieurs blocs...
Souvent, je me demande ce qui se passerait si on allait jusqu'au bout de ses gestes. Un jour, je vous expliquerai.

Les bienveillantes: un roman qui résonne encore longtemps après que l'instrument s'est tu.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Après le délire administratif, un peu d'air en campagne, puis la désolation urbaine, chute d'un régime dont l'apothéose est du grand guignol, ce qui rappelle heureusement le caractère fictif de l'oeuvre.
A noter la fin de l'ère guerrière de max qui, finalement, est une renaissance en coupant le "cordon" ombilical le liant à cette ère.
un être meurt, au autre nait...
Le doc a apprécié ce livre

Arlette a dit…

Pas d'ac, Doc.
Moi, je ne vois pas, mais pas du tout de renaissance. De la résignation, éventuellement, mais surtout l'abandon d'une partie de soi. Le Max d'après guerre, c'est le même, mais avec des tas de trucs en moins. Il s'est coupé d'un morceau de lui-même. Le meilleur?

Anonyme a dit…

Peut être, mais instinct de survie, pas de résignation:il change d'univers, coupe le seul lien qu'il avait avec sa vie antérieure (il a également executé son précédent amant..)pour devenir un autre, marié, chef de PME.
Si ce n'est pas une renaissance.
J'accorde que la mémoire reste, mais je rappelle le préambule: pas de remords, pas de regrets, pas de sentiments glauques, juste le souhait de comprendre une dynamique de progression sociale atypique, une forme d'adaptation à un univers malsain dans lequel il faut également survivre, et le souhait d'une certaine absolution au regard du caractère impitoyable de sa destinée, qui aurait pu être le notre.
Mutation, renaissance, reconstruction, évolution, adaptation; qu'est-ce?

Arlette a dit…

Grand doc,
Laisse -moi le temps de relire la toccata pour vérifier deux tois petites choses, parce que toutes les clés s'y trouvent réunies. Puis, je te développerai ma théorie de la corde sensible. Toi, tu es beaucoup plus anatomique: cordon ombilical...
Suivant qu'on porte ou non un soutien gorge, on ne perçoit pas les choses de la même manière.
A bientôt.

Arlette a dit…

Je ne suis pas d’accord sur l’idée de renaissance. Pour moi une renaissance, c’est positif. C’est repartir de pas terrible pour mieux. Dans le cas de Max, je ne vois pas sa nouvelle vie comme un changement, un mieux, quelque chose qui le rende heureux, puisqu’il a définitivement tiré un trait sur l’idée d’un possible bonheur. Il abandonne une partie de lui en coupant volontairement sa corde sensible, pour ne garder que son enveloppe corporelle, complètement dénuée d’émotions, et chausser une vie politiquement correcte, puisque c’était la seule condition de survie pour ce corps qu’il traîne, et dans lequel il ne reste que la raison, la froideur, le mécanisme de l’intelligence. On pourrait parler de renoncement. Si on veut garder un re. Il endosse une « couverture », chef d’entreprise et de famille respectable. Il aurait pu choisir pianiste au Paraguay. Autant ça qu’autre chose. De toutes façons, il ne ressent plus rien. Si il était si satisfait de son choix, il aurait écrit 914 pages, non pas sur ce qu’il a vécu tant qu’il avait encore sa corde, mais sur ce qu’il vit depuis qu’il se l’est coupée. Or, on est d’accord. De sa nouvelle vie, il n’y a rien à dire. Quelques lignes tout au plus. Parce qu’elle est vide. Vide d’émotions. La preuve, son transit intestinal, qui auparavant était commandé par tout un réseau d’émotions est paralysé.
C’est le même qui continue à avancer. Là ou le vent l’a poussé. Mais, autant avant il sentait la caresse ou la morsure du vent, autant maintenant, il n’a plus l’équipement pour. Il vit mécaniquement. Dans le gris.

La corde sensible de Max a été écorchée dans son enfance par ses parents. Ensuite, c’est Una, qui seule la faisait vibrer, et qui par deux fois, l’a sérieusement amochée. Il a bien essayé de la réparer. Avec du fil synthétique. Des amants furtifs, une gentille fille saine, un investissement dans une carrière administrative, des tentatives de s’opposer avec ses maigres pouvoirs, à une horreur entrevue. Mais le résultat était décevant. Alors, quand tout s’écroule, il choisit le hara-kiri. Il coupe lui même sa corde. Et continue à avancer sans. De l’extérieur, on ne voit pas la différence.

Tout est dit dans la Toccata : Je cite pèle-mèle : « on rampe sur cette terre, la nymphose (renaissance !) ne vient pas, on reste larve » « on est là pour durer. Pour tuer le temps avant qu’il ne vous tue » donc, pas pour vivre, s’amuser, jouir, profiter… »je n’écris pas pour nourrir ma veuve ». Il ne dit pas ma femme, puisqu’à ses propres yeux il est mort. Mort car il ne ressent plus rien. » Les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité ». Nulle mention de l’émotion, la beauté, du plaisir, des autres…Rien pour l’âme. Tout pour la survie du corps et l’exercice du raisonnement froid. « incapable de rompre le calme » « la guerre n’a été qu’une confirmation… » C’est ce poste que j’occupe en attendant la retraite. Je me suis marié, avec une certaine répugnance, c’était nécessaire, consolider mes acquis » Tu parles d’une renaissance. C’est une continuité triste. « Je suis sorti de la guerre un homme vide » Plus de corde sensible qui vibre. Coupée. « Le souffle ne vient plus à me manquer. Tout a le même goût » Aquoibonisme. Et il conclut par « je n’avais pas changé ». Comme Julio Iglesias.
Pour moi, c’est clair.

J’ai aussi en réserve un magnifique parallèle avec l’orchestre symphonique. Vous le voulez, ou je le garde pour endormir mon voisin au prochain dîner en ville ?