vendredi, février 09, 2007

suite de la suite

Le claquement sec de la portière déclencha un déferlement d’images dans sa tête. Le film des dernières heures repassait en boucle, pour venir buter sans relâche sur ces quelques mots de l’oncle Ignace. Ils lui martelaient les tempes. Un trou noir s’ouvrait devant elle, qui la happait, l’engloutissait, la recrachait.

Hier. Moins de 24 heures plus tôt. Paul l’avait appelée. Il sortait plus tôt que prévu du tribunal, déposait les parisiens à l’aéroport, et lui proposait de le retrouver sur le port pour déjeuner. En 5 ans, c’était la deuxième fois que pareille aubaine se présentait.
Elle avait aussitôt annulé son tennis et oublié le rangement de la maison. En descendant le chemin, elle avait croisé le facteur, et pris le courrier qu’il lui tendait. Il n’aurait pas à remonter la côte sous le cagnard.
Dans les embouteillages de midi, elle avait distraitement feuilleté la liasse d’enveloppes, lu une carte postale et décacheté le pli réexpédié par la maison de soins de sa maman. Eléonore s’occupait depuis longtemps de toute la paperasserie de Béatrice. Mais depuis un an maintenant, elle gérait aussi son courrier privé, prenant soin de répondre en son nom aux faire parts. Elle les lui transmettait ensuite, car, dans ses moments de lucidité comme dans son monde imaginaire, Béatrice adorait la correspondance.

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