jeudi, février 08, 2007

Maryvonne


Elle s’était renseignée sur les habitudes dudit Roland. Quels étaient ses hobbies, ce qu’il aimait faire en dehors de la récolte de dividendes, où il aimait retrouver ses amis… Elle avait ensuite suscité l’heureux hasard de leur rencontre au club de golf de Roland de Cassagne. Ce fut le moment préféré de Maryvonne. Ce monsieur d’habitude tellement conquérant et définitif s’était trouvé manifestement embarrassé par la présence de la petite dame dont il avait tout de même réglé le sort professionnel quelques mois auparavant. Passé ce moment de trouble naturel, il s’était montré distant, voire méfiant. Les jeux de hasard ne faisaient pas partie de ses passe-temps favoris et il se méfiait des rencontres fortuites. Mais Maryvonne avait su utiliser toutes les ficelles de son art pour mettre cet homme en confiance.
« Je vous sens tendu cher Roland, vous n’allez tout de même pas laisser gâter le bonheur simple d’un parcours de golf pour une vieille histoire», « Enfin, laissez vous aller, comment voulez-vous qu’une petite vieille comme moi puisse menacer un empire comme le vôtre » ou encore « c’est amusant comme les grands fauves ont parfois la curieuse faiblesse de se laisser effrayer par une crevette toute ridée »
Elle sut le manœuvrer et l’amener peu à peu à une sorte de connivence. Doucement, elle l’avait attiré, lui laissant parfois prendre de la distance pour le ramener encore plus près de son filet, le gardant toujours en position haute afin qu’il ne perde rien de sa puissance à ses yeux, suggérant mais n’imposant rien.
Maryvonne se faisait violence, la patience n’étant habituellement pas son atout principal, mais au bout de quelques semaines, ils faisaient déjà chaque vendredi un parcours de golf de concert.
De fil en aiguille de rendez-vous en dîners, de fous rires en confession, leur relation évoluait de la franche camaraderie à la réelle complicité. Maryvonne maîtrisait parfaitement le timing. Jamais elle n’évoquait FTE. Jamais elle ne s’égarait dans les zones interdites de l’univers professionnel. C’était à lui d’y venir. A lui seul. Lorsqu’il serait mûr. Lorsqu’il ne supporterait plus ce non dit dans leur relation complice et qu’il voudrait apurer le passé afin de faire glisser la complicité vers l’amitié.
avec l'aimable autorisation de quivous savez

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