2 fauteuils. Parce que un seul, c'est trop triste.
Authentique paire. Complices jusque dans leur degré de rouille. Assortis.
Et cette petite table, à la patine inimitable. Celle que donne les années.
Plus qu'une image.
Un choix.
Parce que je suis blonde. Et que je sais nager.
2 fauteuils. Parce que un seul, c'est trop triste.
Authentique paire. Complices jusque dans leur degré de rouille. Assortis.
Et cette petite table, à la patine inimitable. Celle que donne les années.
Plus qu'une image.
Un choix.
Je l'aurais conservé.
Laissé tremper dans le baquet d'eau de pluie.
Investi du temps à gratter l'étiquette.
Nettoyé au solvant les restes de colle.
Et puis, cette ritournelle susurrée par Birkin.
Arlettaquaboniste.
Une oeuvre d'art?
Ou alors, land art.
Que le vent s'est empressé de disperser.
Plusieurs fois.
Pourquoi Dieu nous a-t-il doté d'un mental si c'est pour le brider toute sa vie? Moi, je suis pour la lâcher, la prise. Parfois, on pense avoir "fait" une belle prise. Décroché le graal. Mais on s'est juste enferré. Des mailles de filet qui se resserrent inexorablement. Et si l'adage se révélait plus vrai que nature: tel est pris qui croyait prendre? Au-delà des faux jeux de mots un peu trop faciles, une vraie réflexion. Ou plutôt devrais-je dire ressenti. Sensation. Perception dans mon corps.
De l'eau de pluie récupérée dans un baquet, et "on verra bien".
Canaliser gentiment la passiflore.
Entretenir. Laisser faire le temps et la nature.
Premier dimanche de printemps et donc...premières effluves de barbecue.
Qui m'ont immédiatement transportée dans le temps et l'espace. Une journée d'août dans la montagne noire. Un barbecue irréel. A des années lumières de la saucisse-merguez- taboulet en barquette. Une aventure comme je n'en avait jamais vécue, descente en 4x4 dans un chemin à peine visible, puis transport à travers bois d'un matériel hétéroclite, mais les organisateurs savaient où ils allaient.
Enfin, l'arrivée sur le lieu du pique-nique, enchantement de la bâtisse en pierres, l'ombre des grands arbres, la fraîcheur de la rivière et cette lumière!
Je vivais l'instant à la fois dedans et dehors. Je LE buvais des yeux. Il bavardait, goûtait l'instant, m'enlaçait du regard, nous partagions le même émerveillement étonné.
Nous nous sommes éloignés du groupe pour aller nous rafraîchir plus bas dans la rivière. Ce moment d'intimité, un peu à l'écart, pendant lequel les mots étaient devenus inutiles, car nous vibrions la même envie, la même certitude d'avoir trouvé "quelque chose", un genre de graal, qui faisait écho chez moi, à ces années de vacances sauvages passées dans le Queyras.
Il régnait dans cette journée, une communion entre les uns et les autres, une douceur, une ambiance que je n'ai jamais plus retrouvée et que je conserve dans ma chair comme un moment d'exception.
Ce soir, en descendant fermer le portail, la lune formait ce petit berceau du premier croissant, et les étoiles brillaient plus fort qu'à l'accoutumée. J'ai salué les quelques constellations que je sais reconnaître, celles à qui je rendais visite lors de mes promenades vespérales qui me menaient immanquablement à la lisière du village.
Qui sonne comme une ligne d'un tarif d'esthéticienne à domicile. Ou pas.
Se couper les ongles, pour faire durer les chaussettes. Un pragmatisme désespérant.
Dehors. Sur les marches qui descendent vers le deck. Cet endroit qui vaut toutes les chaises longues, canapés, sièges du monde.
Arlette, une fille toute simple, qui aime s'asseoir sur une marche.
Juste. Une. Marche.
Est-ce que dans mon inconscient, produire et cuisiner sont intimement liés? Cuire de moins en moins mène-t-il à ce recyclage immodéré qui me ravit l'oeil et fait se hérisser les amateurs de plastiques colorés?
Welcome mon dernier semis de roquette.
Dernières graines...
Dans ma main, la fleur de roquette.
Saviez-vous qu'elle a un goût de concombre?
La déguster telle quelle ou la laisser produire des graines?
Un dilemne purement balzacien.
Pacte avec le diable ou simple choix du coeur?
A vous de trancher.
L'élue que je suis en a aperçu un bouton lors du premier passage de tondeuse, dans le massif qui l'entremêle au mimosa déjà défleuri.
Et tout à coup, celle-ci est apparue. Ouverte tout récemment, chaque année je me demande à quel endroit elle apparaîtra.
Cette rose est facétieuse. Elle m'avait été offerte, toute petite bouture, par Suzanne d'Opio. Une jardinière à la générosité touchante.
Depuis, je l'ai dupliquée, afin de continuer à faire vivre Suzanne dans mon univers.
J'ai enfilé ma tenue de jardinage chic. Une chemise de marque, qui me suit depuis Malo, pour tous mes travaux, peintures, béton, jardin...fidèle protection bleu pâle...un jean maintes fois consolidé, à la poche arrière si pratique pour le sécateur, et des boots d'équitation à fermeture éclair.
Réminiscence de nos fins de chantier, quand, les vêtements tellement criblés de béton, nous les étalions au sol pour les passer au Karcher, histoire de ménager le lave linge.
Souvenirs de ces heures juchée sur des échafaudages, parfois hasardeux, un rouleau de peinture blanche à la main.
C'est l'heure à laquelle nous prenions plaisir à nous asseoir côte à côte, une bière fraîche à la main, pour savourer tout ce que nous venions d'accomplir.
Je voulais vous afficher la - très jolie photo- d'une touffe de marguerites du cap (dimorphotecae) multicolores qui se sont spontanément installées entre la jardinière de bambous cache-voitures et les porte-bouteilles récupérateurs de verre vide.
Et puis le système en a décidé autrement.
C'est ça aussi, l'acceptation.
Ne pas vouloir forcer les choses.
La photo n'était-elle pas requise? Vous avez la liberté d'imaginer les fleurs que vous voulez.
Ici, chaque jour, le jardin change, les oiseaux chantent de plus en plus fort et de plus en plus tôt.
La magnifique clématite armandii, que nous trouvions fleurie comme un cadeau à chaque retour de vacances de février s'est amourachée d'un olivier et l'enserre amoureusement, en délivrant un délicat parfum blanc.
Le rosier de l'arche de mon bureau, celui qui me ravissait pendant le télétravail de confinement explose lui aussi.
J'ai rempli un petit bidon de carburant pour la tondeuse dont je repousse la sortie, à coups de cisaille manuelle... Ce dimanche, si mon voisin bricoleur garagiste est dans les parages, je m'y risquerai certainement.
Après une longue journée de travail, je rêve de ses bras.
M'y blottir.
Au coin d'un feu, côte à côte.
Contempler.
Laisser nos corps se détendre.
Se taire.
IL.ME.
MANQUE.
IL.
M'EST.
TOUT.
Dans vif, il y a vie.
Cette vie qui me déserte. Qui se refuse à moi.
Le manque de toi, l'idée que tout m'a été retiré, sont insupportables. Mon corps hurle intérieurement, et chaque respiration constitue un effort douloureux. Te chasser de mes pensées. Un travail à temps complet. Je te vois dans chacun de mes gestes, dans chaque plante de notre jardin. Un paroxysme d'obsession qui ne s'arrêtent même pas dans le sommeil.
Aujourd'hui, c'est dimanche. Le lendemain de "notre" dernier jour. hier, je me suis sentie abandonnée une fois de plus. Je t'imagine. Malgré moi. je vois tes gestes. Je sais combien je pourrais être une contribution à tes côtés pour ce que tu es en train de construire. Et qui me détruit.
J'ai à nouveau saisi les engins coupants. Couper, tailler dans le vif. Autant que je me sens poignardée. Ces rosiers que maintenant je regarde presque comme des ennemis. Ces rosiers, inutiles ronces sans fruit, qui ont souvent semé la discorde entre nous. Je taille, débite en petits morceaux, et c'est ma vie que je sens filer sous le sécateur. La proximité des plantes me renvoie au visage combien la nature est généreuse. Elle ne s'encombre de rien. Elle prolifère si elle trouve le terrain favorable. A l'image de ma peine face à l'injustice, je taille. Là où, auparavant, j'aurais hésité, tergiversé, respecté, je coupe. Ma survie en dépend. Au diable les états d'âme. Après tout, qui a dit que les plantes en avaient une?
Je t'écris faute de pouvoir te parler. Plusieurs heures sur la restanque du haut, aux côtés du phoenix, qui s'est magnifiquement développé, pour tailler rosier et glycine, deux charmants envahisseurs pleins d'une énergie vitale incomparable. La leur brider ne me rendra pas la mienne. Je suis connectée à toi. Entretenir. Contenir. Je touche du doigt ce que tu déplores. Oui, il faut les contenir pour pouvoir passer la tondeuse, et éviter la jungle. J'ai transporté les baquets de plantes réduits en morceaux "à la lisière" du jardin. Là où certains endroits un peu dangereux pourraient représenter un danger pour des enfants.
Je pense à toi. Ces projets que tu réalises sans moi. Qui étaient les miens avant que d'être les tiens. j'ai rêvé d'une serre. J'ai voulu des poules. J'ai tenté un potager. Pourquoi me les refuses-tu?
J'observe. La vie végétale. Les dahlias qui crachent de l'eau lorsque je les sectionne en petits morceaux. Les lianes de glycine, souples et volubiles. Les rejets de rosier qui s'enracinent, dès que possible. Ces jaillissements vivants.
12 Février
Samedi 11 février. Chaque minute se traîne, gorge nouée. Mon opération de la main gauche approche, alors je cherche à anticiper.
J'étais partie pour une partie de plaisir: le ménage de la maison d'amis.
Quand la lumière et la douceur de l'après-midi m'ont saisie.
J'ai enfourché un grand escabeau, et taillé dans le vif. Quelques heures d'activité physique au grand air et au contact de la nature envahissante.
Moi qui avais tant de mal à tailler mes plantes, préférant les laisser s'épanouir, aujourd'hui, nous avons dialogué quelques heures. Ma victoire: avoir terminé la tâche, jusqu'au rangement du matériel. Je n'ai pas eu les yeux plus grands. Cette fois. J'ai su modérer mes ambitions. Et admiré cette merveilleuse lumière de 16h28. Nostalgique à souhait. Ou alors est-ce mon propre blues qui la teinte ainsi?
Les madeleines. La douceur sucrée familiale. Simplicité, pas de fioriture. Multi usages. Trempée dans le yaourt, sa manière à lui de les déguster. En accompagnement d'un litre de café pour moi.
Les madeleines, c'est Castans. Des petits matins en compagnie d'un thermos-carafe de café lowtech, réalisé au piston d'une cafetière sans électricité. Ces moments suspendus, dehors face à la forêt, au bord du chemin, avec des ânes pour voisins.
Je rêvais là, un peu à l'écart du monde. Seule au calme. A la vie que nous étions en train de construire. Lui cassait des cloisons, moi, je repeignais des murs et des plafonds. Je semais de la roquette et du persil à la volée. Je bouturais des jasmins. Sans plan précis, au hasard. Dans cette confiance totale que la terre saurait.
Aujourd'hui, je n'ai pas réussi à terminer ma madeleine. Les conditions. N'étaient pas. Propices.
La femme à venir...
C'est peut-être moi.
Il y a quelques années, ma maman m'avait offert, discrètement, un ouvrage de Frédéric Lenoir "La puissance de la joie". Avait-elle perçu que mon sourire n'était plus aussi spontané? Puis j'avais glissé l'audiobook correspondant dans le mange-disque de ma voiture. Ecouté d'une oreille distraite en me posant la question: "Est-ce que lire des livres sur le bonheur rend heureux?"
Les écrire en tous cas, permet à leur auteur de s'offrir une jolie maison les pieds dans l'eau dans un charmant village du Cap corse... :)
Aujourd'hui, musardant dans ma maison à sa recherche - infructueuse-, c'est ce livre, butin de boîte à dons, qui s'invite.
Un ouvrage voyageur.
Je l'avais choisi et emporté dans une autre maison, celle dans laquelle je projetais de ralentir, m'asseoir et lire à 4 mains, (ou deux paires de lunettes), ce "Plaidoyer pour le bonheur". Le bonheur d'une vie simple.