mercredi, mars 01, 2023

Dans le vif. Je ne te dirai pas.

 Dans vif, il y a vie.

Cette vie qui me déserte. Qui se refuse à moi. 

Le manque de toi, l'idée que tout m'a été retiré, sont insupportables. Mon corps hurle intérieurement, et chaque respiration constitue un effort douloureux. Te chasser de mes pensées. Un travail à temps complet. Je te vois dans chacun de mes gestes, dans chaque plante de notre jardin. Un paroxysme d'obsession qui ne s'arrêtent même pas dans le sommeil.

Aujourd'hui, c'est dimanche. Le lendemain de "notre" dernier jour. hier, je me suis sentie abandonnée une fois de plus. Je t'imagine. Malgré moi. je vois tes gestes. Je sais combien je pourrais être une contribution à tes côtés pour ce que tu es en train de construire. Et qui me détruit.

J'ai à nouveau saisi les engins coupants. Couper, tailler dans le vif. Autant que je me sens poignardée. Ces rosiers que maintenant je regarde presque comme des ennemis. Ces rosiers, inutiles ronces sans fruit, qui ont souvent semé la discorde entre nous. Je taille, débite en petits morceaux, et c'est ma vie que je sens filer sous le sécateur. La proximité des plantes me renvoie au visage combien la nature est généreuse. Elle ne s'encombre de rien. Elle prolifère si elle trouve le terrain favorable. A l'image de ma peine face à l'injustice, je taille. Là où, auparavant, j'aurais hésité, tergiversé, respecté, je coupe. Ma survie en dépend. Au diable les états d'âme. Après tout, qui a dit que les plantes en avaient une?

Je t'écris faute de pouvoir te parler. Plusieurs heures sur la restanque du haut, aux côtés du phoenix, qui s'est magnifiquement développé, pour tailler rosier et glycine, deux charmants envahisseurs pleins d'une énergie vitale incomparable. La leur brider ne me rendra pas la mienne. Je suis connectée à toi. Entretenir. Contenir. Je touche du doigt ce que tu déplores. Oui, il faut les contenir pour pouvoir passer la tondeuse, et éviter la jungle. J'ai transporté les baquets de plantes réduits en morceaux "à la lisière" du jardin. Là où certains endroits un peu dangereux pourraient représenter un danger pour des enfants.

Je pense à toi. Ces projets que tu réalises sans moi. Qui étaient les miens avant que d'être les tiens. j'ai rêvé d'une serre. J'ai voulu des poules. J'ai tenté un potager. Pourquoi me les refuses-tu? 

J'observe. La vie végétale. Les dahlias qui crachent de l'eau lorsque je les sectionne en petits morceaux. Les lianes de glycine, souples et volubiles. Les rejets de rosier qui s'enracinent, dès que possible. Ces jaillissements vivants. 

12 Février


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